Bayeux est traversée par un fleuve côtier normand, l'Aure. Dans le centre historique de Bayeux, l’Aure était contrainte par des constructions anciennes sur ses berges et par sept obstacles transversaux entravant le franchissement piscicole et le transit sédimentaire.
Un projet singulier
Le projet de la ville de Bayeux visait à supprimer ou réduire l’impact de ces obstacles tout en préservant le patrimoine historique et architectural.
L’ambition de la collectivité consistait à réaliser les travaux en une seule saison, en période d'étiage, c'est-à-dire lorsque la rivière est à son niveau le plus bas, afin d’obtenir un impact significatif sur la qualité et la fonctionnalité du cours d’eau.
Les travaux qui s’élèvent à 2 millions d'euros et financés à 80% par l'agence de l'eau Seine-Normandie consiste en :
- l’installation d'un dispositif anti-embâcles en amont des ouvrages,
- l’automatisation des vannages,
- la suppression ou réfection de certains ouvrages,
- le curage de l’ancienne zone de remous des ouvrages,
- la création de plages vertes,
- la mise en place de passes à poissons.
Un vaste chantier
D'importants dispositifs ont été mis en place pour sécuriser et permettre les interventions : des batardeaux et des systèmes de déviation du cours d’eau ont été installés afin de mettre quasiment à sec les zones de chantier. Au préalable, des pêches de sauvegarde ont été effectuées avec l'appui de la fédération départementale de pêche du Calvados afin de limiter l'impact sur la faune aquatique. Les roues à aubes des moulins Coisel et Croqueviel ont également été démontées. Six mois plus tard, les travaux sont livrés. Les deux roues à aube, emblématiques du cœur historique, retrouveront leur place dès l’été prochain.
Des objectifs multiples
Le projet est également ambitieux à travers la diversité de ses objectifs :
- restaurer la continuité écologique de la rivière grâce à l'installation de passes à poissons, et au curage du lit de l'Aure, la création de plages vertes, la suppression de certains ouvrages... Ces dispositifs permettent de varier les faciès d'écoulement du cours d'eau et ainsi de créer des habitats propices au développement de la faune et de la flore aquatiques ;
- sécuriser les interventions humaines avec l’automatisation des vannages, jusqu’alors à gestion manuelle, et leur contrôle depuis la berge. L'ouverture des vannes ou clapets s'ajustera automatiquement toutes les 15 minutes, en fonction de l'évolution du cours d'eau. Des garde-corps sont également installés ;
- lutter contre les inondations avec la création d'un dispositif anti-embâcles au sein de l'Espace Naturel Sensible qui permettra de retenir les gros débris chariés par le courant, et donc de protéger les ouvrages situés en aval. Par ailleurs, l'automatisation des ouvrages et la mesure du niveau en temps réel grâce à des capteurs améliorera la réactivité en cas de crue ou de forte variation du débit de la rivière ;
- limiter les nuisances olfactives grâce au curage du lit de la rivière, à la création de plages vertes et au resserrement du cours d'eau, le dépôt de vases et de sédiments sera limité ;
- entretenir le patrimoine en conservant l'attrait touristique des moulins Coisel et Croqueviel ;
- étudier la rivière en collectant des données afin de mieux comprendre son comportement en particulier en cas d’intempéries ou de sécheresse.