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bulles d'eau

Evaluation de l'impact généré par un ouvrage infranchissable sur la structuration génétique d'une population de truite commune

Autres phases

pas d'autre phase

Etude commandée par

Agence de l'eau Seine-Normandie

Réalisée par

CATER Basse-Normandie - FMPPMA - Université de Poitiers - Laboratoire GENINDEXE

Contact Agence

Thierry LEFEVRE

Le territoire français est au centre de l'aire de répartition d'Austropotamobius pallipes pallipes (A.P.P) dite écrevisse à pieds blancs. A. pallipes est la principale espèce d'écrevisse autochtone sur le territoire français et à ce titre, la plus répandue sur l'ensemble du territoire métropolitain. Malgré une large répartition nationale et européenne, les populations d'écrevisses à pieds blancs sont en perpétuelle baisse depuis une vingtaine d'années. Le département de l'Yonne n'échappe pas au déclin généralisé de cette espèce à forte valeur patrimoniale, présentant un intérêt certain dans le fonctionnement et l'équilibre des écosystèmes aquatiques.

Les résultats des inventaires préliminaires montrent que sur ces têtes de bassin, les discontinuités écologiques sont le plus souvent dues à des ouvrages de franchissement des cours d'eau : buses et ponts mal calés ou bouchés (1,6 "ouvrage infranchissable" en moyenne par kilomètre sur la Coulandre, le Lembron et la Gine sur le bassin de la Rouvre, Patrick Battier pour le Contrat rural de la Rouvre , 2005). Quant aux montants financiers nécessaires pour la restauration de cette continuité, ils sont très importants : par exemple, 600 k€ estimés sur les bassins du Beuvron, du Lerre et de l'Airon, soit plus de 500 km de cours d'eau sur les départements de l'Ile-et-Vilaine, de la Manche et de la Mayenne, Hydroconcept pour BS2A, 2007. Par ailleurs, si les bénéfices doivent être perceptibles pour les populations de poissons et éventuellement de crustacés, on peut aussi considérer que ce type de restauration répond à une perturbation du fonctionnement hydromorphologique des cours d'eau.

En partenariat avec la Fédération de la Manche pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, la Cellule d'Animation Technique pour l'Eau et les Rivières de Basse-Normandie a donc proposé une première approche pour évaluer les perturbations induites par un obstacle jugé infranchissable et estimer l'efficacité des interventions préconisées. Il s'agit d'un préliminaire à un protocole de recherche plus complet qui sera établi dans un second temps.

Sur le ru du Houssaye, affluent du ruisseau de la Costardière, lui-même affluent de la Sée au sud de Brécey, une buse de franchissement de cours d'eau par un chemin d'exploitation agricole a été diagnostiqué "infranchissable" à 90 % et fait l'objet d'un projet de remplacement en 2008 par un ouvrage plus adapté et mieux calé par rapport au lit du cours d'eau. Pour réaliser un état initial avant les travaux programmés en 2008 qui ont pour objectif de restaurer la continuité biologique sur ce tronçon de cours d'eau, des pêches électriques ont été réalisées grâce au concours de la FMPPMA en juillet 2007. Lors des mesures biométriques, un prélèvement des nageoires adipeuses des truites communes (Salmo trutta fario) a ainsi été réalisé sur 30 individus à l'aval de l'obstacle infranchissable ainsi que sur 30 individus à l'amont de l'obstacle. Ces prélèvements ont été envoyés pour analyse du génotypage au Laboratoire Genindexe situé à la Rochelle. L'interprétation et le traitement statistique des données ont été confiés à l'UMR CNRS, Génétique et Biologie des Populations de Crustacés, de l'Université de Poitiers.

Il ressort des premiers traitements que la buse a eu un impact sur la structuration génétique de la population de truites. Même si les dévalaisons sont plus fréquentes que les remontées qui restent exceptionnellement possibles, elles n'ont pas permis l'homogénéisation de la composition génétique des deux sous populations. Toutefois, cette fragmentation n'a pas diminué fortement la diversité génétique des deux populations, ce qui tend à montrer que la taille de chaque sous population a été suffisante pour limiter la perte de variabilité génétique (cours d'eau proche du bon état écologique). Il reste que ces deux populations présentent des allèles spécifiques pour certains locus, ce qui renforce également le fait que ces populations sont génétiquement différenciées.